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 #2 [R&E's Bookshop] Heartbreak in a Bottle

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Tate Bartowski
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MessageSujet: #2 [R&E's Bookshop] Heartbreak in a Bottle   #2 [R&E's Bookshop] Heartbreak in a Bottle EmptyJeu 24 Nov - 1:52

Sous l’œil méfiant de Samuel Stevenson – le responsable d’accueil dans cette partie de l’université – Tate pressa l’allure. Il était neuf heures dix, et pour son tout premier jour d’enseignement au Jefferson College, il était officiellement en retard. Il aurait pu élaborer une excuse avant d’abandonner sa voiture sur le parking, et on l’aurait probablement cru cette fois-ci ; mais il avait atteint un point de désintéressement tel qu’il ne s’en serait pas plus donné la peine, aurait-il croisé le Doyen dans l’ascenseur. Ses portes s’ouvrirent devant lui dans un chuintement métallique, et il prit mécaniquement la direction de sa nouvelle salle de cours, percevant déjà une clameur familière et désagréable de conversations adolescentes à mesure qu’il approchait. La semaine précédente, on lui avait proposé de faire le « grand tour » de l’établissement avec une partie de ses nouveaux collègues et il s’y était plié sans faire de commentaire – même quand on lui avait assuré, d'une assurance excessive selon lui, qu’il s’habituerait à l’ambiance locale en un rien de temps. Il n’avait pas besoin d’une petite voix pour lui souffler que l’ambiance locale ne lui plairait que le jour où les poules auraient des dents. Sans hésitation, il franchit le seuil de sa classe de sa démarche chaloupée habituelle : « Bonjour ! » tonna-t-il sans accorder le moindre regard à la meute d’étudiants qui dévisageait désormais son profil dévoré par une barbe épaisse et, comme souvent, sa canne. Il lourda son cartable en cuir sur son bureau, y récupéra un feutre Weleda noir et commença à rédiger quelques informations essentielles au tableau : « Nous ne parlerons pas d’Hilary Clinton. Nous ne parlerons pas de Vous-Savez-Qui, ni des élections présidentielles. Si mes méthodes dérangent certains d’entre vous, la porte est ouverte. Littéralement. » D’un geste raide de la main, il indiqua la porte de l’amphithéâtre, prête à laisser s’échapper les moins endurants. « Je suis le professeur Bartowski. Bienvenue dans votre cours d’introduction au droit américain. Sortez vos brochures. »

« Anna n’avait pas menti : cette ville est complètement barrée. » Tate adressa un sourire courtois – qui tranchait complètement avec ses commentaires – à ses collègues, tous installés à l’autre bout de la salle des professeurs, munis de leurs tupperwares soigneusement préparés la veille, attendant sans doute qu’il ait terminé son appel pour l’inviter à rejoindre leur table. Une raison amplement valable, selon lui, pour éterniser sa conversation avec Peter Grayson – un ami avec lequel il avait récemment eu l’occasion de reprendre contact. Tate poussa un soupir avant de baisser les yeux sur sa propre assiette. Si on lui avait un jour annoncé qu’il se retrouverait à enseigner le droit à temps complet dans une université de seconde zone comme celle-ci, il aurait sans doute éclaté de rire devant l’absurdité de la chose. C’était pourtant là où il en était. Il avait beau savoir que ç’aurait pu être pire, qu’il aurait pu rester au chômage un peu plus longtemps que ça, et qu’il devait son embauche à une lettre de recommandation soigneusement rédigée par Michelle Cooper – une amie de sa famille, enseignante à Columbia – il n’arrivait pas à se départir de son insatisfaction chronique. « Tu as été voir Kit Kat ? » Tate se raidit légèrement sur sa chaise. La question fatidique. Ça faisait des jours qu’il repoussait l’échéance sans raison valable – il n’avait pas même l’excuse d’un emménagement préoccupant, s’étant temporairement installé dans un hôtel du côté de Bridge Crest. Inspirant – comme pour insuffler un peu de conviction à son intonation – il répondit : « Pas encore. Après les cours. » Il crut percevoir une voix féminine s’adresser au jeune médecin, qui s’excusa un moment plus tard, et lui demanda de passer le bonjour à « Kit Kat » si ça pouvait lui permettre de briser la glace plus rapidement. Tate se retint de lui faire remarquer qu’il faudrait sans doute un peu plus que les salutations d’un vieil ami pour qu’Ecaterina l’accueille à bras ouverts; puis il raccrocha.

Ses yeux glissèrent machinalement sur l’historique de ses appels et y trouvèrent le nom de Wyatt, en rouge pétant. Il marqua une pause significative, se renfrogna à vue d’œil, et rempocha son téléphone dans la poche intérieure de sa veste. Tate avait la tête dure et le pardon difficile : il avait refusé la plupart des appels de Wyatt et Charlie depuis qu’il avait quitté Columbus – trop contrarié d’avoir été délibérément tenu dans l’ignorance de la grossesse d’Ecaterina pendant six mois entiers. Ces derniers temps, la seule personne qu’il appelait de bon gré, c’était Peter. Lui, il en était convaincu, n’aurait pas menti, même par omission. Il avait réalisé – très tardivement, certes – que l’honnêteté de son ami était une qualité qu’il aurait dû savoir apprécier à sa juste valeur. Dernièrement, tout ce qui pouvait ressembler de près ou de loin à un mensonge lui hérissait tout bêtement le poil.

Les mains enfoncées dans les poches de son manteau, Tate s’immobilisa devant la façade de la librairie : les lèvres serrées, les sourcils froncés, la traduction d’une appréhension de circonstance mise en lumière par l’éclairage chaleureux de la vitrine. Il redressa le menton pour déchiffrer l’enseigne – avec une attention telle qu’il en aurait certainement interpelé plus d’un à s’y attarder autant, en dépit de l’obscurité automnale croissante. C’était le moment d’y aller, mais ses jambes ne semblaient pas décidées à lui obéir de bon gré. Il n’aurait pas dû avoir besoin temps – même lui pouvait affirmer qu’il en avait eu bien assez au cours des dernières semaines. Il était presque là trop tard. Il aurait dû pouvoir entrer directement dans la boutique, sans éprouver le moindre malaise. Mais s’il avait généralement une bonne idée de comment Ecaterina Robertson pourrait réagir, cette fois-ci, il se sentait en terre inconnue. Il jeta un coup d’œil à l’intérieur de la librairie, sans apercevoir grand-chose. Hésitant un bref instant sur la démarche à suivre, il se décida finalement à entrer à l’intérieur.

Il aurait sans doute pu trouver Ecaterina chez elle. Mais il avait insisté auprès de lui-même : il voulait la voir en terrain relativement neutre. « Excusez-moi. Je cherche la propriétaire. » Il avait arrêté la première personne qu’il avait croisée – ils s’étaient entraperçu à travers la vitre un moment plus tôt. Une jeune femme d’une vingtaine d’années, énergique, et aux allures punk qu’on ne se serait pas attendu à rencontrer derrière le comptoir d’une librairie traditionnelle – du moins, dans les beaux quartiers de Washington. Stephanie – comme l’indiquait son badge – lui adressa un sourire un rien malicieux : « Cat ? Qui la demande ? » Tate grimaça si ostensiblement que la jeune femme consentit à lui lâcher du lest : « Elle est dans l’arrière-boutique. »

Soulagé, il remercia Stephanie avant de prendre la direction qu’elle lui avait indiquée. Il tâtonna un bref moment après s’être aventuré derrière le comptoir de vente, cherchant ses repères et en profitant pour admirer le travail de rénovation qu’Ecaterina avait réalisé depuis qu’elle vivait à Rosecliff. D’une certaine manière, il remarqua, ses empreintes recouvraient l’endroit avec singularité. Il ne tarda pas à lui tomber dessus. « Alors, c’est à toi tout ça ? » Il se mordit brièvement la lèvre supérieure, avant de donner trois petits coups secs un peu tardifs contre le mur comme s’il avait été une porte. « Je sais. J’aurai dû téléphoner avant de… » Il engloba la pièce d’un geste leste de la main : « … débarquer. Surprise. »


Dernière édition par Tate Bartowski le Ven 25 Nov - 0:35, édité 1 fois
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Cat S. Robertson
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MessageSujet: Re: #2 [R&E's Bookshop] Heartbreak in a Bottle   #2 [R&E's Bookshop] Heartbreak in a Bottle EmptyJeu 24 Nov - 20:53

Ça n’était pas un problème pour Cat de se plier aux règles qu’on lui imposait quand elles s’apparentaient à sa façon de penser, et qu’elles ne lui donnaient aucun remord de conscience. Ça l’était un peu moins lorsqu’on remettait sa capacité de jugement en doute en empiétant sur son terrain. Ou en l’occurrence, quand on s’immisçait dans la façon dont elle gérerait sa boutique, et les animations qu’elle proposerait pour contenter le manque criant de points culturels dans cette ville de malheur.
Elle avait beau être ravie des biens qu’elle avait désormais en sa possession, il y avait des moments où la politique de la ville mettait sa patience à rude épreuve, et lui donnait envie de tout plaquer pour aller s’installer ailleurs. Le Comité de Rosecliff ayant des griefs contre la pratique de la musique, elle estimait n’avoir rien à craindre en étant propriétaire d’une librairie, et pourtant. Par elle ne savait quelle magouille interne, elle avait récemment reçu la visite de deux membres de la milice de la ville qui l’avait pressée de leur remettre la liste des ouvrages qu’elle comptait proposer lors des lectures hebdomadaires qu’elle avait à cœur de mettre en place, et qui viserait un public de jeunes enfants en quête de nourriture pour rassasier leur imagination, dès l’ouverture officielle de sa boutique. Ils s’étaient montrés gentiment menaçants, et derrière leurs discours à double-tranchant, elle avait reconnu la patte inimitable de Jake Herman-Johnson.
Avec tout le calme dont elle se savait capable, Ecaterina les avait congédiés en leur affirmant ne pas s’être encore penchée sur la question, et leur avait promis de le faire avant novembre si le temps le lui permettait. Comme elle leur avait fait remarquer, elle avait une vie à l’extérieur, et même si elle haïssait mettre son état actuel en avant pour s’attirer la sympathie d’autrui, elle avait néanmoins joué la carte de la maternité pour les contraindre à battre en retraite sans mettre sa parole en doute. Un sourire, une œillade charmante, et une proposition de remise plus tard, elle les avait vu faire demi-tour sans rechigner. La porte à peine refermée, elle avait empoigné son téléphone portable pour raconter cette visite impromptue à Al qui lui avait conseillé de se plier à leur requête, et ce sans tarder.

C’était pour cette raison que Cat s’était isolée dans l’arrière-boutique de la librairie, ses lunettes vissées sur le nez, les yeux rivés sur la liste de livres qu’elle avait rédigé sans peine, bien qu’elle eût l’étrange impression d’être plantée devant une interrogation-surprise qui scellerait le bon déroulement de tous ses projets. Stephanie passait le nez par l’entrebâillement au moins deux fois par heure pour vérifier qu’elle s’en sortait, ou pour lui apporter ses suggestions toutes aussi peu conventionnelles les unes que les autres. Elle lui avait ramené une chaise – qu’Ecaterina refusa, préférant cent fois rester debout, une pile de cartons suffisamment haute pour jouer les tablettes de fortune –, une tisane avec un peu de miel pour soigner son angine, et lui avait même proposé un massage pour la détendre, la sentant beaucoup plus fermé qu’elle n’avait jamais eu l’occasion de la voir depuis qu’elles se connaissaient. Vraiment, toutes les considérations de l’étudiante l’avaient réconfortée un peu, cependant l’arrière-goût d’angoisse qu’elle avait dans la bouche ne se mariait pas très bien avec celui du miel, et dans un soupir désabusé, elle souleva légèrement la pointe de son crayon-feutre.

Si elle avait su ce qu’ils attendaient d’elle, sans doute se serait-elle moins sentie sur le point de commettre un impair, mais le fait était qu’elle n’avait aucune idée de ce qui lui vaudrait les foudres du Comité. La veille, elle avait passé en revue l’arrêté municipal en vigueur, s’affolant davantage des idioties qu’elle y avait lues – et encore une fois, elle s’était sentie à deux doigts de prendre son téléphone pour s’enquérir auprès de Tate de la dimension légale de la chose, avant de froncer les sourcils, et de tout bonnement se l’interdire. Puis parce qu’elle y était obligée, c’était avec un soin tout particulier qu’elle avait sacrifié ses ouvrages préférés, passant sur ceux contenant des comptines, ou des allusions directes à la pratique d’un quelconque instrument de musique. En relisant encore et encore cette liste, elle regretta l’absence du Dr. Seuss au milieu des classiques qu’elle chérissait. Par maniaquerie, elle reprit doucement son crayon en reniflant discrètement, et apposa à chaque fin de titre un point inutile. Le dernier ripa, prenant des allures de virgule, quand elle s’aperçut que la voix de Tate avait remplacé celle de Stephanie.

« Ne sois pas si surpris. » réussit-elle à articuler après un instant à se demander si le miel de sa tisane n’avait pas été remplacé par quelque chose de plus fort. Ou alors, elle était plus atteinte par la maladie que ne l’avait diagnostiqué son médecin traitant.
Après leur dernière rencontre, Cat ne s’était pas donnée la peine de ne serait-ce que s’imaginer l’effet que ça lui ferait de voir Tate ici. Et c’était tellement étrange, que malgré sa surprise, traduite par un examen rapide de la silhouette de son ancien collaborateur, elle ne réussit à contenir un sourire lorsqu’il frappa trois coups contre le mur pour lui indiquer sa présence avec un temps de retard. Et pendant qu’elle baissait de nouveau la tête sur sa liste dans l’espoir d’échapper à cette manie qu’ils avaient de se regarder dans les yeux, elle choisit de se taire de nouveau, heureuse de le voir, et en même temps anxieuse à cette idée. Elle ne se sentait pas capable de le fixer trop longtemps, profondément embarrassée par la façon dont leur dernière conversation s’était terminée, et pour se donner bonne contenance, elle se hâta de griffonner sur le papier pour rattraper sont point-virgule.

« Ça tombe bien que tu sois là, viens voir. » Inconsciemment ou pas, elle tenta de le déculpabiliser maladroitement en l’invitant à s’avancer vers elle d’un geste de la main ; il n’avait pas à craindre de ne pas être le bienvenu dans cet endroit, mais par pudeur, elle ne le lui avoua pas à voix haute, préférant le geste à la parole.
Elle redressa la feuille de papier dressée devant ses yeux, remonta d’abord ses lunettes avec sérieux, et attendit qu’il soit à côté d’elle pour reprendre avec une confiance fragilisée par son gros rhume « J’ai prévu de faire des lectures le mercredi et le samedi, et je dois rendre une liste à la mairie pour… je ne sais pas trop pourquoi. » Comme si elle chassait une mouche virevoltant au-dessus de sa tête, elle agita lestement sa main devant son nez « Mais j’ai besoin d’un avis. » Elle pinça étroitement les lèvres, fixant avec entêtement sa fichue liste, avant que la présence de Tate ne lui impose de lui adresser enfin un regard – mais en biais. L’épaisseur de sa barbe la fit reculer doucement la tête pour le considérer avec un peu plus de franchise, et avec un sourire amusé, elle faillit lui dire à quel point elle trouvait ça étrange de le voir ici, alors que le veille, elle avait eu si envie de l’appeler.
Pour ne pas alourdir l’atmosphère, elle ne dit rien, toutefois, et elle chercha sur quoi enchaîner ; sa silhouette un peu amaigrie, la repousse de sa barbe ? Elle se souvint qu’elle avait utilisé la même entame la dernière fois, et abandonna cette dernière idée. Il était temps de se renouveler, pensa-t-elle, et son sourire disparut graduellement, tandis qu’elle se laissait timidement guidé par son intuition. Ecaterina lui demanda, reportant nonchalamment son attention sur sa liste « Qu’est-ce que tu fais ici ? »
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Tate Bartowski
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MessageSujet: Re: #2 [R&E's Bookshop] Heartbreak in a Bottle   #2 [R&E's Bookshop] Heartbreak in a Bottle EmptyDim 27 Nov - 19:18

« Pas surpris, » rectifia-t-il en tâchant simultanément de trouver un mot qui conviendrait un peu mieux à la réaction que lui avait inspirée le travail de rénovation d’Ecaterina. « Impressionné, c'est tout. Je croyais que l’endroit tombait en ruines. » Il exagérait sans doute un peu, mais en découvrant l’état actuel de la librairie, on aurait bien du mal à croire qu’Ecaterina n’en fût à la tête que depuis le mois de Juin. L’endroit respirait le neuf – de sa peinture fraîchement posée à sa décoration sobre, mais accueillante. Il n’aurait pas été surpris d’apprendre qu’Ecaterina projette d’en ouvrir les portes au grand public d’ici la fin du mois. C’en était d’autant plus impressionnant quand on savait qu’elle avait réalisé ce travail toute seule – ou presque – et enceinte jusqu’aux yeux. Cette dernière réflexion – observatrice, pourtant – tira sur une corde sensible, et le ramena brusquement à l’objet de sa visite. Pendant une brève poignée de secondes, Tate se tint là où il se trouvait, droit, et tâchant de ne pas laisser ses bras baller trop librement. Avec la discrétion qui s’impose, ses yeux détaillèrent la silhouette d’Ecaterina. Ses formes, déjà prononcées lors de sa dernière visite, s’étaient encore accentuées, ne laissant plus aucun doute quant à leurs origines. Il s’était attendu à la trouver un peu plus fatiguée qu’elle ne l’était ou semblait être ; fatiguée, elle l’était sans doute, mais elle rayonnait d’une énergie indéfinissable qui, manifestement, se trouvait capable de camoufler le reste. Il devait bien avouer une chose : bien qu’il ne se soit pas attendu à ce qu’Ecaterina lui offre un accueil glacial – ils ne s’étaient pas quittés fâchés, ou du moins, pas fâchés comme ça – celui qu’elle avait choisi de lui réserver lui paraissait presque trop confortable. Sans qu’il ne sache de quelle manière elle s’y prenait, Ecaterina semblait avoir un don singulier pour la résolution de conflits – ou disons, pour lui mâcher le travail et lui rendre les choses plus faciles à aborder. Il n’irait certainement pas s’en plaindre aujourd’hui.

Appréciant sa familiarité, Tate mit ses intentions premières de côté, et la rejoignit sans se faire prier pour jeter un coup d’œil à la feuille de papier sur laquelle elle était en train de griffonner quand il l’avait trouvée. Planté derrière elle, il se pencha au-dessus de son épaule avec curiosité, plissant les paupières pour mieux déchiffrer son écriture. Pendant une fraction de seconde, il se revit, elle et lui, à travailler une énième fois sur les révisions d’un chapitre de leur libre, et contre toute attente, eût envie de sourire. Cette fois-ci seulement, il ne s’agissait pas de corrections mais de titres de livres. « C’est la liste de lecture que tu veux proposer ? » s’enquit-il en examinant attentivement la liste qu’elle tenait devant leurs nez – une liste qui se révélait bien plus traditionnelle qu’il ne l’aurait cru en sachant Ecaterina aux commandes. Encore « nouveau » en ville, l’idée que les arrêtés municipaux puissent avoir une incidence sur les choix professionnels d’Ecaterina était loin de l’atteindre. Ses sourcils se froncèrent à mesure que ses pupilles dévalaient le feuillet. « Pas de Magicien d’Oz ? Ni de Dr. Seuss ? Et moi qui tu prenais pour un rat de bibliothèque. »

Il lui prit la feuille des mains avec délicatesse pour l’observer d’un peu plus près, l’invitant dans un même temps à se retourner vers lui. Un éclair de compréhension traversa enfin son visage : « Ne me dis pas que ces acharnés te sont tombés dessus pour une histoire de comptines ? » À bien y réfléchir, ce ne serait pas surprenant. Il n’avait pas encore eu l’occasion de mettre les pieds dans la bibliothèque universitaire du Jefferson College, mais il ne serait pas étonné d’y trouver des étagères soigneusement filtrées par l’administration de l’université. Pendant une courte seconde, il se demanda jusqu’où les extrêmes avaient été poussés : avaient-ils retiré Shakespeare des rayonnages ? F.S Fitzgerald ? C’était un vrai scandale pour n’importe quel afficionado de littérature américaine. Il hocha la tête de gauche à droite pour manifester sa désapprobation. « Qu’est-ce qu’ils en disent, tes amis, d’ici ? » l’interrogea-t-il, soupçonnant que les quelques amitiés qu’Ecaterina aura liées depuis son emménagement à Roseclfif auraient inévitablement un meilleur avis à donner sur la question, que lui.

« Ça ne se voit pas ? Je t’aide avec ton club de lecture. » répliqua-t-il avec un sérieux à toutes épreuves, quand elle lui demanda ce qu’il fabriquait dans le coin. Il eût un sourire en coin – ç’aurait été agréable d’y croire un tout petit peu. Il poussa un léger soupir en redressant le menton pour lui faire face. Il marqua une courte pause, les lèvres entrouvertes, trébuchant sur les mots comme les enfants le font. Il inclina la tête sur le côté en se résignant à la simplicité des choses : « Je voulais te voir. » admit-il en lui rendant sa feuille, jugeant inutile de la garder en otage plus longtemps : ils avaient dépassé le stade où lui avait besoin de s’inventer un faux-prétexte pour se présenter sur le pas de sa porte. Ses doigts jouèrent distraitement avec les plis de son écharpe, tandis qu’il enchaînait : « Je pensais que tu téléphonerais. » Ca n’avait rien d’un reproche – en aurait-ce été un qu’il aurait été obligé de se le retourner. Il lui avait demandé de lui laisser un peu de temps pour réfléchir à « tout ça » quand elle lui avait rendu visite au début du mois d’août ; ils ne s’étaient pas adressé la parole depuis. Et bien que l’envie ne lui ait pas manqué, il n’avait pas décroché le téléphone non plus. Il n’avait pas réussi à s’y résoudre. À vrai dire, il avait craint d’ouvrir une conversation qui aurait pu se transformer en négociation, en rejet, ou en dispute. De fait, il avait préféré se donner le temps d’aller mieux ; puis il s’était jeté à l’eau.

Percevant le silence comme un bourdonnement un peu trop intense dans son oreille, Tate jeta un coup d’œil vers le couloir par lequel il était arrivé, comme s’il avait soupçonné Stephanie d’écouter aux portes. Repoussant sa paranoïa d’une pichenette mentale, il se passa une main sur la nuque avant de planter son regard clair dans celui d’Ecaterina : « J’ai pris un job à l’université. Ça ne paie pas des masses, mais ça règle les factures. » commença-t-il avec une maladresse qui ne lui ressemblait pas. « Ce que j’essaie de dire, en fait, c’est que tu vas m’avoir dans les pattes. Je ne veux pas qu’on reste… comme ça. » Autrement dit, bloqués dans un silence radio de plus en plus persistant. Il n'avait peut-être jamais été doué pour la communication, mais elle l'avait toujours aidé à se faire comprendre et ces derniers mois avaient été particulièrement compliqués à ce niveau-là. « Je ne m'attends pas à ce qu'on efface l'ardoise et qu'on reprenne là où on en était. Mais je voulais que tu saches que tu peux m'appeler, si tu as besoin. » Il patienta un moment, lui laissant le temps de digérer ce qu'il venait de lui annoncer, avant de reprendre, en baissant d'un ton : « Comment tu vas ? Toi, et le bébé je veux dire. »


Dernière édition par Tate Bartowski le Mar 3 Jan - 3:46, édité 1 fois
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Cat S. Robertson
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MessageSujet: Re: #2 [R&E's Bookshop] Heartbreak in a Bottle   #2 [R&E's Bookshop] Heartbreak in a Bottle EmptyLun 28 Nov - 17:38

De la part de Tate, Cat n’avait pas été habituée aux politesses. Elle n’irait pas jusqu’à le définir comme un goujat, puisqu’il y avait eu des moments où son élégance s’était révélée plus authentique qu’il ne tenait à le faire croire. Néanmoins, sa rudesse toute singulière l’avait heurtée, au point qu’elle s’était plusieurs fois mise à reconsidérer ses intentions à son égard. Au début de leur collaboration, ça avait été dur. Et puis, elle avait compris qu’à défaut de pouvoir rivaliser avec le mauvais caractère de son associé, elle lui rendrait un grand service en faisant preuve de patience, et en acceptant de traiter avec ses méthodes de travail dans la douceur et le respect. Comme tout le concernant, et parce que leur relation s’était considérablement apaisée, elle s’était plutôt accommodée à ses humeurs – ça faisait partie du personnage, et ça n’avait rendu que savoureuses les pas si rares fois où il s’était comporté en gentleman avec elle. Restant suffisamment longtemps à son contact pour savoir déchiffrer ses reproches, elle avait parfois eu l’audace de les apprécier, décelant les contours indistincts d’un compliment au beau milieu d’une soirée mondaines, ou lors d’une répétition avec les Awesome Voices.
Aussi fut-elle profondément flattée quand, sans détour, il lui avoua être impressionné par son travail. Elle jurerait que c’était la première fois qu’il faisait une démonstration aussi franche de ce qu’elle lui inspirait, au-delà d’un quelconque sentiment d’exaspération comme ce fût le cas par le passé. Touchée et prise au dépourvu, Ecaterina ne sut quoi lui répondre, mais tenta avec préciosité de mémoriser les détails de la scène pour se la rejouer mentalement un peu plus tard. Il l’ignorait, mais elle avait besoin qu’on lui passe un peu de pommade ces derniers temps.

Même si sa présence l’apaisait déjà un peu, quelque part il y avait toujours cette arrière-crainte de voir tout s’empirer, comme la dernière fois, où la tendresse de leurs retrouvailles avait brusquement laissé place à un silence assourdissant. Un silence qu’elle s’obstinait à ne plus vouloir qu’il s’installe – pas ici, dans sa boutique qu’elle souhaitait chaleureuse et réconfortante pour tout le monde. Elle ne put retenir le sentiment indescriptible qui monta en elle à l’instant où Tate s’approcha, répondant à la promiscuité à laquelle elle le convia, sa liste de livres brandie devant leurs yeux. Bien qu’elle n’eût plus osé songer à tout ça, encore ébranlée par la façon dont elle lui avait annoncé sa grossesse, elle avait nourri des attentes secrètes au sujet de leur prochaine rencontre. La principale étant aussi égoïste que justifiée, et concernait la lettre qu’il lui avait avoué ne pas avoir lue. Est-ce qu’il avait pris le temps de le faire depuis la dernière fois ? Devait-elle ressentir davantage de confusion à l’idée qu’il soit entré en contact avec elle pour, au mieux s’enquérir de la suite des évènements, au pire l’éconduire pour de bon ?
Cat se raidit imperceptiblement. Posant sa main libre sur le haut de son abdomen, elle tacha de reporter son attention sur les interlignes bancales de sa liste, et elle se mit à détester la façon éhontée avec laquelle ils tournaient autour du pot.

« Tu veux vraiment être surpris ? » Ses sourcils disparurent sous sa frange « Je n’en suis pas encore tout à fait sûre, tout est sous couvert du secret défense, et je n’y comprends pas grand-chose. Mais selon mes estimations, il y a 97% de chance pour que je sois déjà sur la liste noire du shérif. J’ai reçu une visite récemment, d’où ça. Elle secoua sa liste de lecture, et suivit le mouvement de Tate lorsqu’il la lui prit des mains. Ecartant légèrement les bras avec malice, ce fût comme pour faire un pied de nez à la politique de la ville qu’elle chantonna « Bienvenue à Rosecliff, partenaire ! » Elle sourit, et cette fois-ci, elle osa définitivement planter son regard dans le sien. Ce n’était pas beaucoup en surface, mais pour elle, c’était aussi doux qu’une accolade ou qu’un baiser – et ça lui avait manqué.
D’ailleurs, elle remarqua immédiatement qu’il avait l’air fatigué. Son visage était marqué, et sa barbe épaisse lui donnait l’air un peu plus vieux. Elle élargit son sourire, et tendit la main, laissant son pouce souligner les cernes qui pochaient ses yeux. Elle murmura entre deux phrases qu’il prononça « Tu as l’air fatigué. » Sa caresse fût rapide, alors qu’elle reprenait déjà le fil de la conversation « Al m’a conseillé d’agir au plus vite. Ce que je fais, sans conviction comme tu l’auras remarqué. »

Récupérant sa feuille, Ecaterina se retourna pour la poser sur sa tablette de fortune. Elle se plongea dans une courte réflexion, les lèvres pincées, les sourcils froncés si fort qu’ils se touchèrent. C’était insupportable de se dire qu’il y avait tant de non-dits entre eux – beaucoup trop de questions sans réponses que Cat essayait tant bien que mal de rendre plus faciles à aborder en usant de quelques boutades. Seulement, la patience dont elle avait si longtemps fait preuve à l’égard de Tate commençait à s’étioler.
L’air de rien, elle espéra qu’il en vienne au fait, qu’il lui dise qu’il avait lu sa lettre, et qu’elle lui avait effectivement fait rouler des yeux. S’il était ici, ce n’était pas seulement pour l’aider pour son club de lecture, comme il lui répondit avec humour et maladresse. Graduellement, elle pivota de l’autre sens, les mains toujours posées sur le carton, rendant sa position incongrue. Elle le fixa un instant par-dessus son épaule, et repensa brièvement au contenu de cette lettre, au cœur qu’elle y avait mis en ayant l’impression d’en dire trop, et en même temps pas assez. Son estomac se contracta en même temps que le bébé s’étirait dans son cocon douillet.
Elle ferma les yeux en se soustrayant à son regard, le temps de ranger son nécessaire d’écriture. Elle devinait l’hésitation de Tate – tout simplement parce qu’il lui arrivait qu’elle en soit prisonnière, elle aussi, plus à l’aise avec les longs discours écrits, que les tirades orales. Elle se mordit la lèvre en se sommant de lui refaire complètement face, tandis que sa vraie réponse lui fit timidement baisser la tête. Elle ne prenait pas ses propos pour un reproche, loin de là ; plutôt comme une entrée en matière maladroite qui l’attendrit davantage lorsqu’elle comprit où il voulait en venir – venait-il de lui annoncer son installation en ville ? Elle n’eut pas tout à fait le temps d’enregistrer l’information, qu’il lui demandait comment elle et le bébé allaient. Volontairement, Ecaterina évita de s’attarder sur son cas ; la tendresse qui émana d’elle lorsqu’elle s’apprêta à parler de son bébé éclaira ses traits.

« Elle est toute petite. Son cœur bat un peu trop vite, c’est de ma faute. » avoua-t-elle à mi-voix, sachant que son angoisse chronique se répercutait sur le rythme cardiaque de sa fille – elle faisait des efforts, avait appris à respirer plus sereinement, mais la nuit restait une vraie épreuve pour la jeune femme, entre ses mauvais rêves et les mouvements de son bébé. Aussi se reprit-elle trop tard, et son nez se fronça, navrée comme elle était « C’est une fille. Je ne te l’avais pas dit, excuse-moi. » Elle baissa les yeux sur son ventre arrondi, et tenta de se rattraper après avoir maladroitement glissé une mèche de cheveux derrière son oreille « Elle a tous ses doigts et tous ses orteils, j’ai insisté pour compter moi-même. » Elle grommela en relevant la tête « Et elle bouge vraiment beaucoup. La nuit surtout. La majorité du temps, ça m’empêche de dormir, mais comme le dit le docteur, ça me donne aussi un bon aperçu de ce qui m’attend. » Elle marqua un temps « Tate ? » poursuivit-elle un peu trop brusquement, ne sachant pas exactement ce qu’elle allait lui dire, ses propos précédents prenant lentement sens dans sa tête.

Elle fit un calcul rapide du total des choses qu’elle avait besoin qu’il entende de sa propre bouche, et envisagea de le faire tout de suite – elle lui devait bien ça, car les projets du jeune homme lui paraissaient hâtifs sur le moment. Cat prit une légère inspiration, et d’un geste délicat, déchaussa les lunettes de son nez en les faisant glisser sur le haut de son crâne à la manière d’un serre-tête.

« Je te l’ai déjà dit, mais je te le répète : tu n’as rien à te reprocher. Si je ne t’en ai pas parlé, c’est parce que je ne voulais rien t’imposer. Que les choses soient claires, je ne commencerai pas à le faire maintenant. » Elle sentit son mal de gorge percer, lui donnant envie de tousser, ce qu’elle se retint de faire, préférant continuer malgré sa voix qui se brisait de plus en plus « Tu m’as prévenu, non ? Tu m’as conseillé de ne rien attendre de toi ce matin-là, tu te souviens ? » Il se souvenait, il n’y avait pas de doute. Elle, elle se souvenait en tout cas. Le flash de ce premier matin la frappa un peu trop fort pour qu’elle consente à faire comme si ça ne la touchait pas d’y repenser ; peut-être parce qu’il y avait eu ce matin-là, et puis un autre, et encore un autre, et encore un autre...
Elle pinça fort les lèvres pour mettre fin au reflet du passé qu’ils avaient partagé. Ne le laissant pas l’interrompre, elle enchaîna avec calme « J’ai fait comme souvent : exactement le contraire de ce que toi tu attendais de moi. Je te l’ai déjà dit ça aussi : je ne le regrettais pas quand je t’ai écrit, je ne le regrette toujours pas aujourd’hui, et je ne le regretterai pas plus tard, peu importe ce que tu en dis. » Ses mains se hissèrent à hauteur de la poitrine de Tate qu’elle ne toucha pas. Elles restèrent devant, comme un bouclier bien fragile – la chaleur qu’il dégageait était agréable pourtant « Je te le demande comme une faveur : ne reste pas s’il ne s’agit que d’une histoire de coup de fil. » D’elles-mêmes, ses mains dévièrent la trajectoire de la poitrine de Tate pour mieux prendre son visage entre ses mains « Tu mérites mieux qu’un poste à Jefferson. Tu le sais, et je le sais. » Ses paumes épousèrent la forme de sa mâchoire, ses pouces trouvèrent les contours de sa barbe qu’elle frôla tout doucement. Elle n’essaya plus d’éviter son regard. En fait, elle le chercha, baissant la tête pour qu’il l’affronte, et sans plus aucune crainte, elle le sonda avec détermination. Sans le vouloir, elle esquissa un petit sourire, et pendant qu’elle l’étudiait silencieusement, Ecaterina répéta dans un filet de voix, et en penchant la tête « Tu as l’air fatigué. »
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Tate Bartowski
Tate Bartowski
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MessageSujet: Re: #2 [R&E's Bookshop] Heartbreak in a Bottle   #2 [R&E's Bookshop] Heartbreak in a Bottle EmptyLun 9 Jan - 3:43

À quand pouvait bien remonter la dernière fois qu’il s’était donné du mal pour mener une conversation en douceur ? Il ne s’en souvenait pas. Des années, sans doute. Ce genre d’effort était souvent conscient et pénible – autant pour lui que pour les autres. Il avait atteint un âge où la patience – la sienne, du moins – avait trouvé des limites bien définies. Cette fois-ci, pourtant, il n’avait pas l’impression d’avoir à forcer la conversation, ni même la direction qu’il souhaitait lui donner. S’il devait reconnaître une qualité à son ex-collaboratrice – encore une – c’est qu’il pouvait lui parler sans détour, sans qu’elle ne se braque ni n'exige des explications superflues. C’était facile de lui parler – et de fait, beaucoup plus agréable qu’avec la moyenne.  Malgré ça, c’était tout de même compliqué de lui exposer ses intentions de but en blanc sans avoir l’air présomptueux – ou de sortir de nulle part. Sans doute parce qu’il ne savait pas exactement de quoi il parlait, et qu’il n’avait pas jugé utile de préparer un discours avant de lui rendre visite, privilégiant pour une fois, l’improvisation. Ç’avait d’ailleurs été complètement stupide de sa part, et maintenant, il se retrouvait comme un con à étudier sa liste de lecture, au lieu de lui avouer directement vouloir rester dans le « Tableau » pour les mois, peut-être même les années, à venir. Seulement voilà, il n’avait jamais brillé ni pour sa sincérité brute ni pour sa spontanéité. Il releva les yeux vers elle, le regard braqué entre ses deux omoplates, et espéra que dans ses maladresses, elle ne lirait pas – à tort – de l’incertitude ou de la mauvaise volonté. Elle le connaissait suffisamment, il en était persuadé, pour soupçonner qu’il ne se soit pas déplacé sans avoir pris de décision.

« C’est quand même louche, cette histoire. » commenta-t-il en fronçant progressivement des sourcils. Lui-même, pourtant fraîchement débarqué, n’avait pas vu ne serait-ce que l’ombre d’un adjoint du Shérif et l’accueil qu’on lui avait réservé se tenait à des années lumières de celui dont Ecaterina avait écopé. À vrai dire, on lui avait déroulé le tapis rouge avec les honneurs. Mais, contrairement à elle, il ne vivait pas à l’intérieur de l’enceinte de la ville. Ni même dans son propre appartement. Il se demanda brièvement si les choses commenceraient à évoluer, pour lui, quand il s’installerait un peu plus concrètement à Rosecliff. D’une certaine manière, il était curieux de savoir comment se présenterait l’offensive. « Tu devrais appeler ton avocat. » Il lui adressa un sourire malicieux qui se transforma en grimace éloquente quand elle lui souhaita la bienvenue en ville. Si ce n’était pas encore évident pour l’administration du Jefferson, Ecaterina, elle, savait qu’il ne pourrait que grincer des dents devant la politique locale. Il pinça des lèvres, la dispensant pour le moment de ses conseils juridiques, et appréciant l’éclat sincère qu’elle portait dans le regard. C'était parfois difficile (pour lui) de croire qu'elle puisse être sérieusement contente de le voir, comme maintenant. Il passa son écharpe par-dessus sa tête, l'enroulant méticuleusement autour de sa main jusqu'à en faire une boule qui ne traînerait pas par-terre, et l'abandonna derrière lui. « Il a l'air sympa, ton Al. Petit-ami ? » Sans gêne, il haussa un sourcil interrogateur. Il n’aurait pas été plus désinvolte, lui aurait-il simplement demandé l’heure. C’était peut-être tiré sur la corde, mais une part de lui avait besoin de savoir.

Se mettant à l’aise, il se débarrassa de son manteau d’un roulement d’épaule avant de s’acculer au bord d’une table, tandis qu’elle se rapprochait de lui. Les manches de sa chemise étaient déjà retroussées, et sa cravate, absente. Sa caresse, furtive, fût accueillie sans qu’il ne manifeste l’envie de s’y soustraire – au contraire, il regretta même qu’elle se soit empressée de récupérer sa main. Il releva brusquement le menton et ses yeux s’écarquillèrent quand elle lui annonça la nouvelle : une fille. Pendant un court moment, il eût l’air désorienté : comme s’il avait été confronté à un problème de mathématiques particulièrement difficile à résoudre. Puis, un sourire presque inconscient commença à se dessiner sur ses lèvres à mesure qu’il l’entendait lui décrire la petite habitante qu’elle abritait derrière son nombril avec une sérénité qu’il ne lui connaissait pas. « Ne t’excuse pas, je suis content. » Ce n’était peut-être pas flagrant, mais il l’était sincèrement. Certaines personnes préféraient attendre la naissance de leurs enfants pour connaître le sexe ; mais lui avait déjà perdu assez de temps, et était soulagé d’obtenir les détails au plus tôt. « Tu as un scan ? » s’enquit-il, curieux de pouvoir se prêter aux mêmes décomptages de doigts et d’orteils qu’elle avant lui.

À quoi pouvait bien ressembler un bébé à ce stade ? se demanda-t-il. Une patate ? Il n’en avait aucune idée. Ses amis n’avaient pas d’enfants en bas âge, et sa belle-sœur avait déjà accouché au moment de leur rencontre. Son neveu avait déjà soufflé sa première bougie quand il l'avait vu pour la première fois. Y’aurait-il des bébés/femmes enceintes dans son cercle proche qu’il aurait probablement été le dernier à se faire solliciter pour quoi que ce soit de toute manière. Il prit une inspiration discrète, tâchant de calmer l’anxiété que lui inspirait la future présence du bébé. Évidemment, il avait beaucoup réfléchi depuis qu’ils s’étaient séparés : d’abord à elle et à eux ; puis au bébé, dans une certaine mesure. Il s’était plongé dans diverses lectures sur le sujet : mais avait été forcé de comprendre qu’il ne pourrait pas se projeter tant que le bébé n’aurait pas quitté le domaine de l’abstrait.

Il releva le menton vers elle quand elle appela son prénom, interpelé par sa nouvelle intonation. Il lui laissa la parole, et attendit qu’elle eût terminé de s’exprimer sans l’interrompre une seule fois – quand bien même il aurait souhaité le faire dès le début. Et quand elle eût enfin terminé, il chercha son regard, la tête inclinée sur le côté : « S’il te plaît, » commença-t-il en prenant ses mains dans les siennes, pouces contre ses paumes, légèrement exaspéré. Il n’avait jamais réussi à comprendre comment elle parvenait à mettre les besoins d’autrui – les siens, en l’occurrence – avant ses besoins à elle. « Tu y penses à ce que tu mérites, toi ? Tu crois que tu mérites d’être toute seule ? D’élever un bébé loin de ta famille, et de tes amis ? » Son ton était doux, mais ferme. Il hocha la tête de droite à gauche, comme pour lui souffler la bonne réponse.

Soudainement, il se rappela les mots qu’elle avait utilisés dans sa lettre. Comme quoi il avait souligné des vérités difficiles à admettre pour elle. À peine se retrouvaient-ils qu’il réanimait ses plus mauvaises habitudes. Il se demanda si elle lui en voudrait pour de bon cette fois-ci, ou si elle réussirait à lui pardonner son impétuosité une fois de plus. Il serra les dents, mâchoires saillantes. Sa lettre, il l’avait lue. Avec plusieurs semaines de retard, il l’avait ouverte et il l’avait lue d’une traite, sans même marquer la ponctuation. Il l’avait ensuite abandonnée sur son lit, et n’y avait plus pensé le temps de vider son lave-vaisselle. Il y était ensuite revenu une deuxième fois, puis une troisième fois, comme une série de tentatives pour se convaincre qu’elle lui disait la vérité et qu'elle ne regrettait vraiment rien. Il avait aussi cherché des indices concernant sa grossesse ; mais n’avait trouvé qu’une mince allusion qui aurait pu référer à n’importe quoi. Il aurait dû lui répondre – ne serait-ce que pour la contredire quand elle avait présumé qu’il ne tenterait pas de reprendre contact avec elle après ça. Il aurait dû, mais il avait été poursuivi par le sentiment qu’il y avait prescription. Il aurait pourtant eu beaucoup de choses à lui écrire, aurait-il pris le temps de chercher un stylo et de coucher ce qui se passait dans sa tête sur le papier. Il aurait probablement été amer. Il aurait probablement été plaintif. Il avait rédigé trop de lettres semblables par le passé – débordantes de sincérité, quêtant l’affection, sans jamais trouver satisfaction – pour savoir quand ne pas reproduire la même erreur. Une chose était sûre : il aurait manqué l’essentiel. C’était en partie pourquoi il avait choisi de se déplacer en personne aussitôt sa cure terminée.

« Je ne dis pas que tu en serais incapable. Je sais que tu pourrais. » reprit-il après un silence au cours duquel il avait naturellement glissé ses doigts jusqu’à sa nuque pour cajoler ses cheveux avec délicatesse. Il lui retourna son regard sans crainte, comme une invitation à le croire sur parole. Elle était suffisamment proche pour qu’il détaille ses traits avec la tendresse pudique qui était la sienne. « Mais tu n’es pas obligée d’être toute seule. Je vais être là. Laisse-moi une chance. » Dans l’attente, ses yeux brillèrent un peu plus fort. C’était la première fois qu’il se mettait volontairement dans une position de vulnérabilité pareille – les muscles raides, sa tension était nettement perceptible. Ça aurait dû le déranger – il n’aimait pas perdre le contrôle des évènements. Cette fois-ci, c’était nécessaire. Entre eux, il y avait une table de conversations jamais entamées, et il était temps d’en balayer quelques-unes. Il s’éclaircit la gorge, s’humecta les lèvres avant de reprendre la parole : « Moi non plus, je ne regrette rien. » L’aveu ne lui écorchait pas les lèvres, mais on pouvait voir que ça lui coûtait de reconnaître tout ça à voix haute. Il aurait dû le prendre, ce foutu stylo. Au moins, l'allusion était claire cette fois-ci : il avait lu ce qu'elle lui avait écrit. « Laisse-moi te raccompagner. On parlera. »
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Cat S. Robertson
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MessageSujet: Re: #2 [R&E's Bookshop] Heartbreak in a Bottle   #2 [R&E's Bookshop] Heartbreak in a Bottle EmptyMar 10 Jan - 10:42

Le dos tourné, Cat pouffa de rire malgré elle, amusée, et en même temps un peu contrariée à l’idée que Tate n’éprouve aucune difficulté à l’imaginer en train de batifoler avec quelqu’un d’autre. Comme si ça pouvait être envisageable pour elle de passer aussi vite à autre chose – elle était belle la promesse qu’ils s’étaient faites à l’aube du premier matin d’après, leurs petits doigts crochetés comme un verrou qu’ils avaient tiré sur leur liaison, craignant l’intrusion d’autrui dans ce que Tate avait souvent qualifié de temporaire.

Si elle avait été un peu moins pudique, Cat aurait trouvé le courage de mettre les choses à plat tout de suite, histoire de s’éviter toutes sortes de justifications improvisées sur les histoires imaginaires que lui prêtait son ex-collaborateur depuis son déménagement, et de passer aux aveux avec l’éloquence des héroïnes des romans qu’elle dévorait depuis toute petite. Elle n’avait pas pris le temps de vraiment réfléchir à la question, son esprit ayant d’autres chats à fouetter que de prévoir de se caser avec le premier venu dans un futur proche. Elle pinça très fort les lèvres, repensant aux formules qu’elle avait utilisées pour décrire l’influence que Tate avait eu sur elle, celle qu’il avait toujours maintenant, et celle qu’il aurait sans doute bien plus tard encore. Car loin d’elle de verser dans le sentimentalisme de bas-étage, elle ne se projetait par sur le sujet de faire sa vie avec quelqu’un pour une raison simple : à ses yeux, et à juste titre étant donné le résultat de leur précédent arrangement qui se cachait sous le haut de sa tenue du jour, le seul qui y trouverait grâce ce serait lui, et uniquement lui. Al son petit ami ? Elle pouffa encore une fois, opinant de droite à gauche. Si seulement elle était aussi intrépide que ses héroïnes favorites sur la question des sentiments, en effet – un jour, peut-être. Pour l’heure, c’est tout en continuant à rassembler ses carnets, feuilles et stylos que son rire s’éteignit lorsqu’elle lui répondit tout simplement :

« Non, mais c’est quelqu’un de bien. » Elle garda pour elle les éventuelles menaces de représailles de Dorian vis-à-vis de son ami s’il apprenait qu’il en avait après sa petite-sœur enceinte – ce qui n’avait sûrement pas même effleuré l’esprit du bon vieux Al, fort heureusement.

En plus, Tate surestimait l’effet qu’une femme enceinte avait sur un homme. Entre répulsion et déférence, le regard qu’ils posaient sur sa silhouette avait changé, ce qui n’était pas pour lui déplaire malgré le sexisme exacerbé dont elle était victime depuis que l’étiquette boursouflé « future-maman » l’empêchait de voir ses pieds. Néanmoins, ça lui assurait une certaine tranquillité lorsqu’il fallait qu’elle traite avec des individus moins attirés par le renflement de son abdomen que par celui de sa poitrine généreuse. Herman-Johnson mis à part, mais ça n’avait rien à voir avec une quelconque approche insistante et romantique de la part du porte-parole du Désaccord. Dans ce cas de figure, elle aurait été plus que capable de l’éconduire, ce qui s’avérait plus compliqué étant donné qu’il l’importunait pour d’autres raisons qu’elle préféra taire là aussi, en ayant sans doute trop dit sur ses soucis d’adaptation au sein de la communauté de Rosecliff.

Elle continua de déblayer le haut du carton qu’elle avait utilisé comme support, tachant en même temps d’éradiquer ce qui lui trottait dans la tête à elle aussi. Cat ne retournerait aucune question concernant l’éventuel célibat de Tate, le connaissant assez pour deviner qu’il ne s’était pas apitoyé sur la fin de leur liaison au point de mettre ses vieilles habitudes de côté. Et elle ne lui en voulait pas, elle n’avait juste pas envie d’entrer dans les détails. D’autant plus qu’il la questionna sur sa grossesse, et qu’elle n’hésita pas un seul instant à lui donner ce qu’il recherchait : des informations sur le bébé. Informations qui lui parurent bien dérisoires par rapport à tout ce dont elle avait été témoin au cours des sept derniers mois, et pas seulement à travers les échographies. Cat le rejoignit, et même si elle était rassurée par le sourire qu’elle remarqua sur son visage et le commentaire positif qu’il lui laissa entendre, son cœur manqua un battement.

Elle ne pourrait jamais se mettre à sa place : qu’importe ce qu’elle lui dirait sur l’évolution de sa grossesse, elle lui avait retiré la possibilité d’y assister – elle s’en voudrait probablement toute sa vie, qui plus est parce qu’elle l’avait fait sciemment. Elle déglutit doucement, mais difficilement à cause de sa gorge douloureuse, se sommant de repousser momentanément le seul regret qu’elle nourrissait à propos de tout ça, et dans la foulée, elle initia le vrai premier contact qu’elle avait avec Tate depuis des mois.

Les mains qu’elle posa sur son visage lui parurent trop petites, bien que ce contact aurait eu le même effet sur elle si elles avaient été plus grandes. Ca la ramena à quelques souvenirs agréables, à leur séjour loin de Lima qui datait de l’hiver dernier, et à l’impression qu’elle avait eu une fois que leurs corps agissaient parfois comme des aimants. Elle prit une légère inspiration, essayant de lire dans les marques de fatigue présentes sur le visage du jeune homme ce qui lui était arrivé pour qu’il ait l’air aussi épuisé aujourd’hui – mais pas moins séduisant. Elle s’en inquiéta de nouveau, pendant qu’il s’agaçait gentiment du discours qu’elle venait de tenir. Cat sourit intérieurement.
Ça ne lui paraissait ni trop rapide ni indécent de le toucher comme elle le faisait maintenant, comme ça ne lui parut ni trop rapide ni indécent de laisser ses doigts s’entrecroiser à ceux de Tate quand il lui prit les mains – et encore moins de sentir ses doigts frôler sa nuque et caresser ses cheveux. Elle baissa les yeux pour s’apercevoir qu’il ne portait pas de cravate. Elle n’eut cependant pas le goût de le lui faire remarquer, reprenant le fil de leur conversation avec la même voix brisée par le rhume.

« La question n’est pas là. Je ne veux pas que tu te sentes piégé. » Elle pencha la tête en le regardant de nouveau. L’expression qu’elle lut sur son visage l’ébranla. Elle l’avait vu nu à de nombreuses reprises, et pourtant elle eut l’impression qu’il s’agissait ici de la toute première fois tant le regard qu’il lui adressa était dépourvu de tout artifice. De fait, elle ne lui fit pas l’affront d’un suspens inutile. Ses mains quittant les siennes et trouvant sa boutonnière qu’elle lissa du bout des doigts, Cat murmura en fronçant le nez et en reculant très légèrement la tête pour mieux affronter son regard après lui avoir dit « Tu n’as pas besoin de me demander de te laisser une chance tu sais. »  Elle aurait pu expliciter, lui faire savoir qu’elle n’avait jamais eu l’intention de cacher à sa fille qui était son père – au contraire, elle lui en parlerait, et plutôt deux fois qu’une. Toutefois, elle ne dit rien pour le moment, observant qu’il y avait un temps pour tout.

Un poids qu’elle traînait depuis des mois entiers s’allégea au creux de sa poitrine quand elle comprit qu’il avait lu sa lettre – qu’il lui dise qu’il ne regrettait rien non plus lui fit lever la tête pour l’embrasser sur les lèvres.

« Tu as roulé des yeux ? Je suis sûre que tu as roulé des yeux. » chuchota-t-elle sans prendre de recul après leur baiser. Elle plissa tout de même les yeux, l’air un peu suspicieux. Puis, à la suggestion qu’il lui fit, elle lui répondit « Puisqu’elle est derrière la porte à espionner, c’est Stephanie qui fermera la boutique. »  Une voix perçante s’éleva de l’extérieur de la pièce, et Stephanie se planta dans l’encadrement de la porte, les poings sur les hanches « Déjà, j’espionne pas, je surveille ! Je le connais pas moi ce type… » Elle toisa Tate de bas en haut, eut l’air d’apprécier l’ensemble, son visage empruntant une expression d’approbation qui permuta en sourire goguenard lorsqu’elle remarqua la main que Cat avait posé sur la poitrine du jeune homme «  Toi tu le connais visiblement. » Elle joua des sourcils, traînant une barque pleine de sous-entendus derrière elle en tournant les talons, alors que Cat fit un pas en arrière pour mieux se détacher de Tate. Elle rechaussa ses lunettes de vue, et adressa un regard faussement suspicieux à l’ombre de son employée qui ricana, fière de son coup. Elle soupira, excédée, retournant la tête vers Tate, tandis qu’elle empoignait déjà sa liste et son nécessaire d’écriture « Mes échographies sont à la maison. Tu me laisses le temps de rassembler mes affaires ? »
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